Vous souvenez-vous de votre personnalité il y a 15 ans ?

Citation :

Tu avais bien raison.

Désolé mais ce soir je suis retombé dans l'une de mes classiques "nostalgies d'après minuit", que je n'essaie jamais d'éviter particulièrement mais qui surgissent de temps à autres.

Ce soir je me suis fait la réflexion suivante : c'est fou quand même, si on demande à quelqu'un de lambda de décrire comment il pensait ou communiquait il y a 15 ans, il y a peu de chances qu'il puisse s'en souvenir de manière objective, ni même avoir des souvenirs précis de choses qu'il ou elle aurait pu prononcer.

Et puis je me suis dit que nous avons à notre disposition un outil très précieux : Koreus.com.

Pour les vieux de la vieille, Koreus permet de voyager dans le passé de manière parfois géniale. Il m'arrive de remonter les messages jusqu'à il y a quelques années pour me souvenir de discussions ici, de délires qui restent gravés sur internet grâce à l'extraordinaire pérennité de ce forum (longévité assez rare pour accéder à ce statut de "précieux").

Ce soir je suis donc remonté 15 ans en arrière et je suis retombé sur ce topic :

https://www.koreus.com/modules/newbb/topic33273.html

Nous avons affaire au Sebmagic de 20 ans, naïf et un peu émotif sur les bords, ce qui n'a pas tant changé, sauf que maintenant je n'ai visiblement plus du tout cette soif de découvrir la vie et tous les secrets que le monde renferme. Au fur et à mesure de mes rencontres, qu'elles soient amoureuses ou non, j'ai la sensation d'affiner avec les années ma perception des relations humaines et même de la vie elle-même. Et ce n'est pas une chose positive. Du pessimisme est né de tout ça, comme une sorte de fatalité étrange.

Aujourd'hui, je suis de plus en plus sûr de ce que je veux et de ce que je ne veux pas. Il y a 15 ans je n'avais aucune idée de ce que je voulais, et j'aime bien relire ce topic avec une espèce de sourire. J'ai à la fois envie de me foutre de ma propre gueule, mais aussi de retrouver un peu de ce que j'étais alors.

Je n'ai jamais lu l'encyclopédie évidemment, ni dessiné, ni médité, ni lâché cet internet chronophage, et je crois que je m'en suis reconnaissant car Internet fournit des souvenirs parfois aussi puissants que la vie "réelle".

Une seule pointe de tristesse vient m'envahir pourtant, c'est lorsque je vois ceci :


@quadeur59 : Dernière connexion le 8/3/2015, 23:03.
@poucnic : Avant-dernier message le 31/7/2015, 20:25:51.
@Txiii : Dernier message le 29/4/2015, 10:55:30.
@Luneale : Dernier message le 27/1/2020, 11:13:49.
@Neo--Polak : Dernier message le 17/4/2013, 0:36:19.
@Kryss : Dernière connexion le 10/8/2020, 20:09.
@kabylus : Avant-dernier message le 13/6/2012, 14:02:37.
@GrosBill : Quatre messages postés en plus de 3 ans.
@zophrene : Dernière connexion le 15/11/2013, 20:59.
@Undead : Dernier message le 4/12/2014, 0:03:28.


Mon petit cœur de nostalgique déteste voir ça. Même si je n'avais pas de lien particulièrement fort avec un seul de ces membres, c'est un peu comme se demander ce qu'est devenu le meilleur ami qu'on avait en CM2.

Bon, j'arrête là, c'était le moment "nostalgie d'après minuit" de Sebmagic.

Je voulais juste vous poser une question (deux) (pour celles et ceux qui sont capables de répondre) : vous souvenez-vous de ce que vous étiez il y a 15 ans ? Comment avez-vous évolué ?

Bonne nuit.

EDIT le lendemain matin : Et merde ça a recommencé...

Sympa cette rétrospection.
Moi, perso, il y a 15 ans j’avais 18 ans dans ma tête. Aujourd’hui j’en ai… disons 21. Rien n’a vraiment changé, à part mes 2 enfants dont le premier a eu 14 ans hier.
Mais je continue à vivre au jour le jour, sans me projeter très loin en avant, en faisant ce qui me plaît le plus souvent. J’ai la chance d’avoir une femme qui me comprenne de ce côté là.
Rendez-vous dans 15 ans, pour en reparler 🥹

PS : en vrai, pour avoir un ordre d’idée, j’approche doucement de la quarantaine

Il y a 15 ans, j'avais 28 ans. J'étais immature (guère mieux aujourd'hui), très angoissé et souvent déprimé (et c'est peut-être encore pire aujourd'hui mais je suis accompagné par des spécialistes), pas heureux même si j'avais beaucoup : une copine, trois chattes, un logement, un travail, une voiture, de l'argent (toujours pas heureux aujourd'hui et plus de copine, plus de travail, plus de voiture, peu d'argent, mais j'ai mon chat Youpi ! ) et une grosse dépression qui pointait le bout de son nez pour m'envoyer, une première fois, début 2010, dans une clinique de santé mentale pendant 3 mois. Trop coooool...

Quelle belle évolution !

je pense pas avoir changé jeux video, voiture, internet... les filles ...

Il y a quinze ans, en 2009, j'en avais quarante quatre, j'étais artisan poseur de menuiseries, je bossais 70 heures par semaine et maintenant je regrette d'avoir fait ça.
Je connaissais un peu Koreus (découvert en 2006), mais je n'étais pas encore membre. Aujourd'hui je réalise que je n'ai pas encore découvert la totalité du site.
En 2009, j'étais plutôt ouvert à la spiritualité, aujourd'hui je réalise qu'il y avait plus de croyances surréalistes que de réalisme.
Voilà, 15 ans après je suis un peu désabusé.

@Sebmagic,

Toi qui parles de précieux, c'est "marrant" parce que les messages que tu sembles regretter et que tu effaces parfois, ce sont ceux qui me semblent les plus précieux justement !

Franchement t'es touchant, dans le bon sens du terme (si jamais il y a un "mauvais sens du terme").

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Pour répondre à tes questions, je sais un peu ce que je vivais il y a 15 ans, mais ma façon de penser à bien évoluer, car quand je me relis, je ne me reconnais pas toujours...

J'avais aussi fait une liste de ce que je voudrais faire dans ma vie... liste que j'ai tenu pour certaines choses (2 ou 3 sans doute) mais que je n'ai pas tenu en grande partie. Elle s'est perdue dans un forum que je fréquentais à l'époque.

Les peurs que j'avais à ce moment-là, je les retraverse en ce moment, ce qui fait que mon rapport avec elles est différent, car j'ai mieux compris ce qu'elles voulaient me dire. Je me connais beaucoup mieux également mais la question qui m'a hanté ma vie entière "Quoi faire de ma vie !?!" demeure ; mais mon rapport à cette question a changé, a mûri même et je crois que je commence à savoir quoi faire de ma vie, justement parce que je n'essaie presque plus de le savoir...

J'ai envie de dire que vivre, c'est déjà une bonne réponse à cette question. Parce que des mésaventures où j'ai côtoyées la mort m'ont amené à apprécier le cadeau de la vie, juste pour ce qu'elle est. C'est sans doute cela qui me rend heureux de lire un message comme le tien, de plonger dans ta nostalgie, de profiter de cette rencontre ici, ce samedi, avec toi et des membres de ce forum. Parce que je sais à quel point tout peut vite basculer, parce que je l'ai vécu, parce que je le vis encore.

Je crois que la grande différence que j'ai par rapport au moi à 25 ans, c'est qu'à 25 ans, j'hésitais énormément, je vivais trop une vie en pointillé, apeuré de tout... au point où j'en oubliais de vivre. Et il m'a fallu attendre, il y a 4 ou 5 ans, que ma vie bascule, pour que cela commence à changer enfin.

Je ne dirais pas qu'aujourd'hui je m'en fous des conséquences, que je n'ai pas honte de ce que je dis ou fait, car ça m'arrive encore ; mais je ne peux plus avoir le luxe de me laisser passer à côté de ma vie à cause de ça.

Je crois que la nostalgie permanente qui m'a poursuivi si longtemps vient de cet élan en moi, cet élan de vie que je muselais, par peur de l'après, par peur de cette honte tellement présente en moi ; alors, ça me laissait un sentiment de vide, un sentiment de passer à côté de ma vie et de ne pas avoir vécu. Je regrettais déjà, en avance, le gâchis de ma vie, un gâchis donc j'étais un témoin impuissant.

Je vois, par exemple, avec un ami proche. Il a un cancer et sa vie est en suspend. Et je vivais des moments d'une extrême difficulté à côté de lui. Cela nous a rapproché. On s parle franchement, on rit ensemble beaucoup plus qu'avant, on se prend dans les bras, on pleure ensemble, on a peur ensemble... bref, une relation très fraternelle et très belle que jamais je n'aurais osé vivre avant. Il a fallu que la vie brise mes chaines intérieures pour que j'accède à ce type de relation. Et mon Dieu que ça fait du bien !

Donc c'est aussi ça qui a changé. Maintenant, j'ai moins cette nostalgie ou cette tristesse en moi, qui pour moi venait en partie du fait que je savais qu'il y avait un être qui demandait à vivre en moi, mais que je n'arrivais pas à libérer et que je voyais dépérir. La relation que j'ai avec les gens et la vie aujourd'hui, qui n'a rien à voir avec celle que j'avais à 25 ans, me comble de plus en plus alors que paradoxalement, je traverse les pires difficultés de ma vie, et me donne un sentiment de liberté que j'ai rarement ressenti alors que je n'ai jamais été aussi enfermé (puisque je vis dans un périmètre de 4/5 km² tout au plus).

Citation :

Parfois il y a des choses que je partage sous le coup d'une certaine émotion, et puis plus tard je me dis que je manque de pudeur et que je préfère garder des trucs pour moi, tout le monde n'a pas à lire ma vie. Et puis surtout, c'est lorsque je relis quelque chose à un moment où mon mood est différent de lorsque je l'ai écrit.

@Sebmagic,

Ca me parle énormément. Parfois j'ai été joyeux et quand je me revois (en repensant à ce que j'ai dit ou fait), j'ai honte, d'autres fois j'ai été vulnérable (panique, angoisse...) devant les autres, et quand j'y repense après, j'ai honte, j'ai envie de ne plus revoir les personnes puisque je ne peux pas effacer ce moment ou les revoir plusieurs mois plus tard, espérant qu'elles auront oublié ; d'autres fois, j'ai été trop personnel, d'autres fois j'aurais même pleuré... (ce qui est rare devant les autres mais moins aujourd'hui), d'autres fois j'aurais été ceci ou cela... et j'aurais eu honte.

Je me demande dès fois, mais d'où ça vient ? Ce matin je lisais un livre où il y a un jeune indien, différent des autres, que moi je trouve beau dans sa différence, mais je peux comprendre qu'il est plein de défauts pour d'autres, notamment sa famille où "il fait honte" et ils essaient toujours - surtout son père - de le mettre sur un chemin qui n'est pas le sien.

Un beau jour, il en a marre, il monte dans un arbre pour ne plus en redescendre. Je ne suis qu'au début du livre, mais je pense que c'est en assumant sa différence qu'il trouvera enfin sa voie et deviendra également "beau" aux yeux des autres, c'est-à-dire précieux dans ce qu'il est, dans sa différence justement.

Son père (et le reste de la famille) son en bas de l'arbre et il fait amener une fille pour le marier, histoire d'en faire quelque chose, de le mettre encore sur le droit chemin pour ne pas qu'il fasse honte à la famille... Mais au fond, qui s'occupe vraiment de lui ? De ce qu'il est ? De ses besoins ? Son père essaie de le faire descendre en ajoutant des personnages qui viennent "pour l'aider", mais qui finalement le manipule.

En lisant ce livre je me suis dit "Putain, mais j'ai vécu ça !" et ça m'a mis en rogne. En ce moment, tout mon passé me revient à la figure et même si j'essaie de lire/regarder des livres ou films ou séries pour me faire changer les idées, c'est quasi impossible, car je trouve toujours un écho à un moment vécu de l'enfance.

Et avec cette réflexion je pensais à toi, je me disais "Mais ce mec est différent des autres... et cette différence c'est comme s'il la voyait comme une tare alors que c'est justement ce qu'il y a de plus précieux en lui !". Et tout se mélangeait avec ce que je lisais, ce que je pensais, ce que je revoyais de mon passé...

Bref, ça me soûle parfois tout ça. Parce que je me rends compte que j'ai perdu des bouts de moi en chemin et il n'en reste plus grand chose, et que je ne suis pas le seul à avoir vécu des choses comme ça je pense.

Si je peux me permettre, je ne suis pas un expert mais je pense que le fait de voir des échos partout est dû justement au fait que TU vois des échos partout, pas au fait que ces échos existent. Enfin, tu l'as peut-être déjà compris, je suppose, mais c'est seulement lorsque t'auras effectué un travail sur toi et sur ces choses que tu pourras lire un livre sans forcément t'y retrouver à tout prix.

C'est un peu comme lorsqu'on tombe amoureux et qu'on voit des signes de l'autre partout, que chaque élément nous ramène à un morceau de cette histoire et qu'on se dit "putain mais tout ce que je fais m'envoie des signes !!". Sauf que les signes on les crée nous-mêmes, et ce n'est pas en essayant de se "changer les idées" que ça les fera disparaître malheureusement, ce n'est pas suffisant. Je pense.

@Sebmagic,

C'est tout à fait ça. C'est classique dans le traumatisme et quelqu'un disait que le traumatisme c'est la musique de fond qui se joue dans notre esprit, mais au lieu que la musique soit douce ou neutre, elle est inquiétante, un peu comme une musique de film d'horreur (j'ai en tête celle de psychose avec ses "iiiii" "iiii" "iiii" "iiiii" "iiii") qui font mal à la tête et agressent. Eh bien c'est ça qui se passe en gros.

Mais ce même fonctionnement - cette musique en fond - fonctionne aussi quand on va mieux, ce que j'ai pu remarquer également (enfin un peu, mais j'ai lu que c'est ce qui se passe). On continue de voir des échos mais des échos positifs si je puis dire.

D'ailleurs c'est concrètement ce qui arrive dans une conversation. Avec ma copine on l'a remarqué évidemment car c'est hyper flagrant. En gros, elle dit quelque chose, tac, ça me déclenche, donc je ne peux plus l'entendre, ça me met en colère ou autre. Puis y'a une phase un peu d'entre deux. Puis après, le même comportement, la même chose et je lui dis "Mais c'est génial ça !", car je vois ce qu'elle disait et je peux réagir normalement. Avant, j'étais sourd à ça. La musique de fond a changé.

Je constate donc une plus grande légerté et ça fait du bien quand on se trimballe autant de lourdeurs que moi... Plus tard, je lirai ce passage dans ce livre et je rirais : "Ah ah ! Il a la belle vie dans son arbre n'empêche !".

@Sebmagic

Merci pour ce petit retour dans le passé.